Le soleil était haut dans le ciel ce jour-là, et madame Delgwaan, Ashley de son prénom, avait décidé de planter des fleurs dans les jardins de leur villa. C’était une belle femme brune, svelte ordinairement, avec un air assez froid sur le visage. Cet air devenait presque méprisant lorsqu’un malheureux avait le malheur de venir la trouver en lui disant de se reposer. Rien ni personne, ne pouvait l’empêcher de travailler dans la maison familiale. Elle n’arrêtait pas une seconde. Tout le monde, son mari le premier, était étonné de la voir autant s’activer avec son énorme ventre rond. Ashley arrivait au terme de sa grossesse mais elle ne voulait pas perdre de temps sur les plantations. Son mari, un homme musclé et blond, ne supportait plus de la regarder travailler autant. Elle l’épuisait littéralement. Il soupira une nouvelle fois lorsque sa femme lui fit signe de venir. Il regarda Madeleine, la femme de ménage, et se dirigea vers son épouse d’un pas lent mais sur. « John, regarde comme les roses sont magnifiques ! Ne crois-tu pas qu’on pourrait faire un bouquet pour le salon ? », s’exclama-t-elle d’une voix fluette. John roula des yeux discrètement, pour ne pas que sa femme s’en aperçoive. Il lui affirma que son idée était charmante. Il tourna les talons et s’arrêta quelques secondes. Son fils, étaient en train de s’entrainer avec son don. Il mit ses mains en porte-voix et s’écria : « Veux-tu bien cesser ?! Tu vas … » Mais un cri retentit derrière lui. Il se retourna et vit que sa femme venait de perdre les eaux. Le travail commençait, une nouvelle chance d’avoir un vrai héritier ouvrait ses bras au couple Delgwaan.

Kingsley Delgwaan, vit donc le jour pour la première fois au mois de juin, le 15 pour être précis. C’était un enfant très sage et au plus grand bonheur de ses parents, sans don. Malheureusement, Kinny était né aveugle. Cela fut très dur d’élever deux enfants pour le couple. Heureusement, le frère de Kinny, Nolhan, s’enfuit un jour alors qu’il avait 18 ans. Kinny, qui avait seulement 6 ans, en a beaucoup souffert. Mais il n’a rien montré et à continuer à vivre sa vie, tel un enfant de son âge.

Depuis quelques mois, environ 6, Kinny s’est enfermé sur lui-même. Ses parents ne supportant plus de le voir ainsi, ont décidé de lui acheter un chien. Ainsi, selon eux, Kinny serait obligé de sortir pour aller promener le chien. Alors dès le lendemain, Ashley et John lui ont ramené Mayo, un magnifique labrador de deux ans. Kinny a eu beaucoup de mal à l’accepter, exprimant pleinement son refus. « Il finira par crever le chien, alors ça sert à quoi d’en avoir un ?! De toute façon, il ne me rendra pas la vue ! ». Sans un mot de plus, Kingsley avait tourné les talons. John regarda sa femme qui était déçue. Il l’embrassa sur la joue et pris la laisse de Mayo dans ses mains, avant de se diriger vers la chambre de son fils. John ouvrit brusquement la porte et il eut juste le temps de lâcher Mayo pour rattraper le cadre que Kinny était en train de fracasser avec sa canne. John força son fils à s’asseoir et Mayo se coucha aux pieds du jeune-homme. John essaya une nouvelle approche avec son fils. Il lui parla de sa vision des choses et pourquoi, selon lui, il fallait un chien. Kinny accepta à conditions qu’on lui accorde deux heures par jour de liberté totale. C’est-à-dire, sans personne sur son dos. Son père accepta ce marché.
Mais il y a quelques jours à peine, monsieur et madame Delgwaan, ont demandé à Kinny de venir les rejoindre dans l’un des salons de la villa. Kinny, méfiant, arriva et Mayo se coucha sur ses pieds. Ashley se racla la gorge, avant de prendre la parole : « Kingsley, mon chéri, nous avons pensé que … Nous avons engagé une aide-soignante pour t’aider. Elle a ton âge et elle a l’air très gentille. Alors tu vas … ». Kinny se leva d’un coup et Mayo se mit à ses côtés. « Vous me faîtes chier, je n’ai besoin de personne ! ». Et sans un mot, Kingsley sortit du salon, Mayo sur les talons. Il était hors de question qu’il se montre agréable avec cette aide-soignante. Il n’avait besoin de personne, et surtout pas d’un médecin à la noix avec sa pitié !